[Un autre]
   
    Depuis peu j'ai l'impression de vivre l'existence de quelqu'un d'autre que moi. Je déambule dans ce monde sans y prendre part, comme au dessus de mon propre corps. Je n'avance plus, je ne marche ni parle plus en tant que Quentin. Ce sentiment est étrange, il me transporte ailleurs, me déconnecte de la réalité, pour mieux l'appréhender. Il m'arrive de parcourir de longue distance sans pour autant les savourer, me réveillant après ce songe étrange dans un endroit qui ne m'est point familier, quand bien même celui ci m'est connu. Tout ce que j'ai pu faire s'évanouit devant mon amnésie d'un temps, me laissant vide de sens et de parole. Je ne parle plus mais écoute, je n'avance pas mais suis, bêtement, tel un chien je vais là où mes pieds me traînent. Cette fin d'année fut propice aux réflexions sans fin, au gouffre infini de mes pensées. Elles ne s'entrechoquent plus dans mon fort intérieur, bien au contraire, celle ci s'évaporent, ne me laissant plus que des idées embrumées, de simples impressions. Il n'y a plus de réflexion, mais des constats. L'effort que je fournissais avant pour comprendre, analyser s'en est allé pour un temps ; il disparait et me laisse seul face à ce moi que j'ai crée et qui ne m'appartient plus. C'est une mort lente mais agréable, le décès d'une conscience qui ne désire que le néant, l'espace d'un instant sans doute aucun. Certains faits ou évènements m'invectivent, me poussent à redevenir ce que j'étais un bref moment, puis le vide revient pour réaffirmer cette irréalité ; en attendant ces fameux jours meilleurs, ceux là même qui me feront exister de nouveau et réintégrer pleinement le corps et l'esprit qui est le miens...