J'ai donc eu mon père au téléphone, il m'a expliqué la détresse de la famille, de ma mère, la dignité de mon grand père. Il m'a dit qu'il me rappellerait dans la nuit, en fonction de l'évolution, à ce moment elle était toujours dans sa chambre à recevoir des soins. Puis vers deux heures, nouvel appel, mon père encore qui m'explique qu'il rentre à la maison et que la famille elle reste, que je peux appeler ma mère si je veux. Ce que j'ai fais. C'était vraiment déroutant, de suivre comme ça la mort de ma grand mère par l'intermédiaire d'un téléphone, à mille kilomètre de là, dans ma chambre, pendant que les autres discutaient joyeusement, je n'étais ni proche d'eux ni proche de ma famille, dans un univers parallèle, pendu à ce foutu téléphone et aux mauvaises nouvelles qu'il allait m'apporter. Finalement c'est vers quatre heures du matin qu'elle est morte. Je préfère ce verbe aux autres d'usages tels que : quitter, partir, disparaitre. Il n'y a qu'une seule vérité, elle est morte, n'est pas partie vers d'autre cieux ou un continent de bisounours. Je l'espère sincèrement pourtant, parce qu'elle le méritait, mais je ne crois pas en dieu et encore moins dans les prêches de la religion.
J'avais une présentation à faire sur la politique russe en Tchétchénie depuis 2000, j'ai donc envoyé un mail à mon prof pour lui dire que je ne serai pas là le vendredi suivant, que je devais rentrer en France pour être avec ma famille et assister aux funérailles. J'ai pris un billet d'avion dans la foulée pour le jeudi à midi et des brouettes. Le soir même j'en ai discuté avec Gianluca dans ma chambre, qui lui aussi avait dû faire face à cela quelques années auparavant. C'était gentil de sa part de rester à mes côtés, même si je ne lui demandais rien. Je n'ai pas pleuré, je ne sais pas même si -attention phrase clichée- j'ai réalisé, honnêtement je pense que oui. Mais le fait de pouvoir lui parler d'elle, lui répondre que non elle n'avait pas eu une belle vie, que oui je l'aimais beaucoup ce genre de chose quoi. Comme dit précédemment elle était la mama, typique, bien en chair, qui nous cuisinait les meilleurs pâtes à la sauce tomate du monde à chaque fois que l'on venait déjeuner chez mes grands parents, les dimanches midi, pour les anniversaires, les fêtes ou simplement pour le plaisir d'être ensemble. J'aimais vraiment ces moments là, et je sais que désormais ils ne sont plus que des souvenirs. C'est triste...
Le lendemain et malgré tout, je suis allé en cours, la vie ne s'arrête pas, il faut bien continuer à avancer. Je ne dis pas ça en pensant que c'est ce qu'elle aurait voulu, ce genre de phrase est stupide, qu'est-ce qu'on en sait de ce qu'il ou elle aurait voulu, ce qui importe c'est le fait et ce fait est sans appel : elle est morte. J'ai prévenu mes professeurs que je ne serai pas là pendant une semaine, j'ai même dit à mon prof français pourquoi je retournais à Chavenay. Je ne sais pas vraiment ce qui m'a poussé, peut être que j'en avais besoin. Le soir même c'était l'anniversaire de Marine dans un restaurant, on devait être une douzaine, sans être totalement relaché, je n'ai pas passé une mauvaise soirée, juste une nuit indifférente parmi tant d'autre à suivre.
Si je devais résumé mon séjour en France je dirais que cela m'a fait beaucoup de bien mais m'a aussi épuisé. Une fatigue mentale bien évidemment mais aussi physique, parce que je voyais mes parents la journée et mes amis le soir. C'était vraiment très étrange, de revenir après un mois et demi quasiment. Même si au fond de moi j'avais l'impression que rien n'avait changé, je me sentais dans un univers parallèle, dans la "réalité", quant Hostivar, Prague, Erasmus, étaient une parenthèse enchantée, sans responsabilité, sans tabou, sans prise de tête. Je n'ai pas pu voir tout le monde, j'ai du faire des choix, parce compte tenu du contexte familiale notamment il ne m'était pas aisé de revoir l'ensemble de mes amis. Je n'ai pas vu Victoria, Mathieu, Hannah.
Je crois que ce que j'ai le plus apprécie c'est de pouvoir reconduire et pas n'importe quel trajet, celui de chez Pierre à chez moi en passant par Asnières, Sartrouville, Saint Germain en Lay et enfin Chavenay, la musique à fond, le Khalid intenable, la Laure qui s'endort avant la fin, la Jennifer qui gueule sur les chansons. Et puis aussi le trajet de chez Sophie à Chavenay, en passant par Feucherolles en écoutant "We used to wait" avec Charly, les discussions avec Fred. Durant mon retour j'ai fais des centaines de bornes, surement plus de mille et cela en moins d'une semaine. Le fait de rouler, avec mes CD que je retrouvais, mes fameuses compils, les peurs de se faire serrer par les flics, aller chercher laure à Saint ger et faire l'aller ensemble, comme à la belle époque de la fac. Se poser dans le salon de Fred, regarder des bouses à la télé, c'était nécessaire, une piqure de rappel en somme.
Lorsque je suis parti pour Prague, j'avais dans l'idée de ne revenir que pour Noel, parce que je voulais m'intégrer, me mélanger et inter-argir le plus possible avec toutes ces cultures, plus ou moins de la différentes de la mienne. Au final je ne regrette pas cet allé-retour, il n'a pas été assez long pour influer sur mon comportement ici, en même temps qu'il m'a permis de m'aérer un peu l'esprit, d'évacuer la douleur et la peine, avec ma famille et avec mes amis.
Promis les prochains articles tenteront d'être plus gais !