Mercredi 5 mars 2008 à 20:46

   
    Je vais te parler à toi Laura, en réponse à ce que tu as écrit, puisqu'un commentaire n'aurait pas suffit à exprimer tout ce qui m'est passé par la tête en te lisant toi et tes mots. Nous avons une chance extraordinaire de vivre à cette époque, dans cette période de l'humanité. Les progrès sont immenses, les avancés innombrables, les biens faits prouvés. Je ne me ferais pas un défenseur de cette société pour ce qu'elle est mais pour ce qu'elle peut véhiculer, en nous.

    Cette jeunesse dont tu parles n'a plus rien à voir en apparence avec celles qui l'ont précédées. Tout est excessif, bien trop pour espérer un quelconque recul ou la perspective d'une analyse pertinente de notre part. Nous ne sommes plus des acteurs, mais des spectateurs, inlassablement nous redemandons encore et encore du spectacle, des informations, du viol, des joies et des peines, puisque pour nombre d'entre nous, nous ne vivons pas. Nous suivons un plan stupide sans prendre garde aux risques qui en découlent. Qui de nos jours préfère acheter un livre plutôt que des habits? Qui de nos jours se soucient du mot culture lorsque celui-là disparaît petit à petit au profit du "capital" bien plus en vogue dans notre monde narcissique.

    Oui, nous nous regardons vivre, chaque minute, chaque heure de chaque jour que cette chose a faite. Les émissions, les films, les livres, les légendes, les religions, construisent des êtres que nous n'étions pas destiné à devenir. L'homme est nécessairement égoïste, il pense de prime abord à sa propre survie, son confort, son bonheur avant de penser au bien être de l'ensemble de son espèce. Je vais même avancer une idée sans doute débile qui fera de moi un être éminemment prétentieux et irrespectueux, mais l'opposition libérale sociale qui nous tient tant à coeur n'est autre qu'une opposition entre la nature profonde de l'homme et son contraire, l'idée saugrenue qui veut que par un bon sens factice nous supplantions notre moi au nous.

    Penser aux autres avant soi n'est qu'une négation de sa propre essence. En effet, chaque homme pense avant tout à exister avant de faire exister ses semblables, et beaucoup ensuite survivent au détriment d'autre. Il ne faut pas croire les gentilles maximes qui expliquent que le bien être personnel fait profiter toute la société. En ces termes, penser à autrui avant soi est une aberration. Le désir nous caractérise, nous pousse toujours plus loin pour obtenir davantage. Cette société nous le fait refléter, parce qu'elle n'a pas évolué depuis sa création. Naître, apprendre, appliquer pour soi, en tirer les bénéfices et mourir. Nous sommes encore et toujours dans cette optique; Etude, travail, argent, famille et mort. Voilà les repaires qui sont nôtre !

    Mais mettre ce qui nous a fait au profit des autres, quitte à y perdre beaucoup, peu de gens le font tout simplement parce que cela ne répond pas à ce que nous sommes au fond de nous et que ces malades renient jusqu'au plus profond de leur être pour aider. L'assistanat est une des pires insultes que profèrent nos hommes politiques, le smic est une bombe, le RMI un séisme, les franchises médicales, un véritable gouffre ! N'est-ce pas ce que nous entendons chaque jour lorsque l'ipod n'a plus de batterie? Lorsque, enfin, une personne sur mille daigne tendre l'oreille pour écouter nos bons prédicateurs annoncer la fin du monde. Il faut d'abord penser à soi avant de penser aux autres, il faut d'abord se construire, avant d'imaginer façonner des inconnus.

    Triste n'est-il pas ? Que viennent donc faire les jeunes dans cette réponse alors ? Ils sont simplement là pour mettre en évidence le manque profond de repaire. Je me permets donc d'en montrer deux. Le premier consiste en l'acceptation de cette nature et le deuxième lui propose un dépassement de celle ci. Les deux sont deux positions équivalentes. Tu sais Laura, chacun essaie d'exister différemment, et par là même démontre notre similitude ; bien entendu l'être humain met parfois en œuvre des actions intéressantes, mais il est profondément pourri. Je suis pourri, tu l'es, nous le sommes tous, quoi que l'on puisse en dire et quoi que certains fassent ; Ils restent minoritaires, car suivre son instinct est bien plus aisé que de le renier.

Par maud96 le Jeudi 6 mars 2008 à 12:54
Un beau texte... que j'ai dû relire deux fois pour être sûre de ne pas l'interpréter à l'envers.
Un certain protectionnisme social peut endormir un pays dans une médiocrité égoïse, menant à tout attendre des autres (camouflés sous le sobriquet "Etat")
Mais à l'inverse, un libéralisme outrancier favorise le "chacun pour soi, que le meilleur gagne !" (sous-entendu : tant pis pour les autres, les pauvres, sans-grade, malades, âgés, etc...)
Grandes fortunes encensées par les médias sur fond de prolétariat généralisé. Mirages révoltants, mais si tentateurs pour les jeunes que nous sommes.
Les "homeless" ou "errants" encombrent les rues d'Amérique du Nord. Ton texte marque bien cette tension entre une société d'assistance et une société du chacun-pour-soi.
Et je maintiens mon "ours" en com sur le blog de Rutabaga ! il n'était pas méchant, mais humoristique ! tu sais bien que les jeunes filles, en attendant mieux, adorent offrir en REPAIRE leur lit la nuit à un petit nounours en peluche : objet de transition pour leur affectivité frustrée et en manque de REPERE. J'adore les ours ... mais ne les taquine que de loin !
Par plume-blanche le Jeudi 6 mars 2008 à 17:09
Je pense que le monde dans lequel nous vivons actuellement a ses qualités et ses défauts.
Meme si je pense quand meme qu'il contient plus de defauts que de qualités et ce n'est pas de la faute du monde mais des hommes.
Par loomp* le Samedi 8 mars 2008 à 18:04
Je ne sais pas si tu (et Laura dont j'ai lu l'article également) as lu la "Lettre à la jeunesse" de Zola mais voilà, la jeunesse a toujours eu les mêmes sentiments et son combat restera identique d'une époque à l'autre.
Par thegrannysmith le Dimanche 9 mars 2008 à 19:51
Ouai mais bon. Si l'homme était si pourri je n'existerai pas. Réponse constructive à faire oui je sais .
 

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